retour Accueil L'ILLUSTRATION
(Février 1933)

Article [incomplet] paru dans la revue “ l'ILLUSTRATION ” (Février 1933)

[manque 3 photos]
La nouvelle usine de l'A. O. I. P.
Un bâtiment vu de la cour d´un patronage. Au milieu, ateliers. En bas, les brûleurs .à mazout " Quiet May ", de la Société Chaleur et Froid.
Architectes : le bureau d'Etudes industrielles " Techna ".
Photographies G. L.Y.kam.

Autour de nous

ON BÂTIT À PARIS

A deux extrémités exactement opposées de Paris, deux grands immeubles viennent de surgir qui méritent une mention non seulement pour leur incontestable cachet, mais pour les particularités distinctes qu'ils présentent. A l´un s'attache le triomphe d'une féconde idée sociale. Le second se recommande par une originalité architecturale du goût le meilleur.

Le premier s'élève dans ce quartier de la place d'Italie que l'on voit se transformer si heureusement de jour en jour. La cérémonie de son inauguration réunissait, le 12 décembre dernier, M. Dalimier, ministre du Travail, le député M. Célis et M. Olivier, maire de l'arrondissement. Il constitue les nouveaux locaux de l'Association des Ouvriers en Instruments de Précision dont M. Olivier tint à dire " qu'une pareille organisation ne travaille pas seulement pour elle-même et ses adhérents, mais pour le pays tout entier ".

L'Association des Ouvriers en Instruments de Précision, ou A. O. I. P., fut fondée en 1896 par trois camarades. Deux de ses créateurs ont déjà disparu. Le troisième, M. Briat, en est aujourd'hui l'actif administrateur-conseil. Née avenue du Maine avec les moyens les plus restreints, elle comptait déjà 100 ouvriers en 1907 et s'installait dans le 13e arrondissement, rue Charles-Fourier. En 1916 sont devenus 350 elle a ouvert une école d'apprentissage. En 1930 son personnel est […]

A toutes une caisse de retraite, constitué par prélèvement de 32% sur les bénéfices, assure à 55 ans d'âge une retraite de plus de 58% du salaire.

Au début de cette année-là, le développement de sa production l'obligeait de construire de nouveaux ateliers. Les travaux commencés en février 1931 étaient terminés en décembre de la même année. Ils portaient à 12.500 mètres carrés environ la surface totale des locaux industries de l'association.

C'est en mars 1930 que celle-ci se mit en rapport avec le bureau d'Etudes industrielles " Techna ", qui lui était apparu particulièrement qualifié pour concevoir et mener à bien les plans qu'elle envisageait. Cet organisme absolument indépendant peut en effet mettre à la disposition des intéressés tout un corps d'ingénieurs et d'architectes spécialisés dans les réalisations industrielles. La mission qui en l'occurrence lui fut confiée exigeait en effet, par sa propre diversité, la réunion des compétences les plus diverses.

La Société coopérative ouvrière " l'Hirondelle" s'était vu confier l'entreprise générale des bâtiments. Cette société, organisée sur des bases sociales se rapprochant de celles de l'A. O. I. P., occupe une place très honorable parmi les entrepreneurs les plus cotés. Des conditions de durée d'exécution extrêmement rigoureuses la liaient à l'A. O. I. P. Pendant près d'un semestre trois équipes de huit heures dotées d'un éclairage puissant s'employèrent sans relâche. L'ensemble de la construction, d'une harmonie très sûre, forme une des plus belles usines et des plus modernes de toute la région parisienne et fait grandement honneur à la Société coopérative " l'Hirondelle ". Entre ses piliers élancés, revêtus de brique, la façade se présente comme une sorte d'immense verrière. A l'intérieur, où l'installation sanitaire est une merveille, des revêtements muraux en faïence dégagent une atmosphère nette que les peintures teintent de lumineuse gaîté.

Ces dernières ainsi que les parties essentielles de la vitrerie sont l'œuvre d une vieille maison parisienne de solide réputation, la maison Laurent Fournier et Cie, fondée en 1826 sous le nom de maison Leclaire. A la participation des ouvriers aux bénéfices qu'elle avait instituée dès 1842, elle faisait succéder dès 1869 l´association intégrale du capital et du travail. La société de secours mutuels des ouvriers et employés de la maison créée par M. Leclaire en 1838 est commanditaire de l'entreprise et touche à ce titre une part appréciable des profits de celle ci.

Le diamètre au départ des compteurs mesure l'importance du réseau de distribution de gaz de l'usine de l'A. O. I. P. Ce diamètre est de 110 mm. Chaque ouvrier, en effet, doit avoir son brûleur individuel. En outre, certains postes essentiels, tels que les étuves à vernis, doivent être chauffés au gaz. Toutes les cuves des trains de nickelage, de décapage, de découpage de l'ébonite sont également munies de brûleurs à gaz. Cette installation complexe et délicate a été .exécutée de main de maître par l'Association des ouvriers plombiers, couvreurs, zingueurs du département de la Seine, une société coopérative qui a joué un rôle de poids dans l'histoire de la coopération. Son directeur, M. Lejeune, président de nombreuses organisations coopératives, a reçu la croix à ce titre.

Le chauffage n'a pas été l'objet de moindres soins que l'éclairage rationnellement calculé et distribué. Des précautions particulières ont été prises pour éviter l'impression si pénible du " mur de glace " aux ouvriers travaillant devant les immenses châssis vitrés. Les établis sont chauffés par dessous à l'aide de tubes lisses. La ventilation n'a pas été négligée. Les appareils aérothermes y pourvoient en toute saison au moyen de prises d'air extérieures. Ce sont les Etablissements Fayolle qui ont été chargés de cette partie des aménagements. La chaufferie qu'ils ont établie apparaît comme un modèle du genre. Cinq chaudières du type" Idéal Classic H. F. " peuvent indifféremment consommer du charbon ou du mazout. Leur puissance totale installée est de 1.350.000 calories. Elles sont équipées chacune d'un brûleur à mazout " Quiet May " de la Société Chaleur et Froid.

La disposition des bâtiments qui viennent d'être édifiés rue Charles-Fourier et les disponibilités de terrain qui les environnent peuvent se prêter à toutes les extensions que promettent à l'A. O. I. P. son .organisation sociale si remarquable et le succès constamment et légitimement rencontré par ses efforts.

[…]

Retour page précedente

retour Sommaire


Mise à jour le